Abel Krin - Bitch on your knees
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Dans son sac rose bardé de licornes, Abel traîne une carcasse, un passé, saupoudrés de sang, de poussière d’os, d’une odeur de blaster fraîchement utilisé, des miettes de coeurs, des soupçons d’amertume, des traces d’encéphales explosés. Il y a des choses, des contes, des légendes, des rumeurs.

Dans le sac, il y a :

1 Un bambin qui court sur la plaine poussiéreuse de Nar Shaddaa. Il est dégueulasse le môme, il essuie d’un revers de main la terre sur son petit visage. ça étale, ça essuie les menottes sur la toile qui lui sert de vêtement. Il est grand pour son âge, l’enfant. Le Petit Géant. C’est un gamin de poussière, un garçon de rien. Il se prête à rêver grand parfois, là les petons dans le vide, la petite carcasse assise sur le bord d’une falaise. Les étoiles balancent les fantasmes, les déceptions dans la gueule du mouflet. Mais il saura être fier de ce qu’il est, d’où qu’il vient.

2 Un démenagement. Une autre planète de coeur. Correlia. Suite à la mort de sa mère, il est encore petit quand il emménage dans les quartiers modestes, non loin pourtant des bas fonds; là où il se complaît le mieux. Le paternel le laisse parfois seul lorsqu'il va bosser pour son patron. Un grand du banditisme.

3 L’apprentissage des mœurs, des valeurs que doit avoir un homme. Le père lui enseigne les danses, les galanteries, les manières. Car si la femme est une déesse, il ne faut jamais la sous estimer. Elle est une arme de destruction des hommes, des cœurs. Alors, il apprend à les considérer comme son égal. La domination en dernier recours. Si tant est qu’elle ne soit plus forte que lui.

4 Des poings pour se battre. Le paternel ne tarde pas à l'initier tout jeune ne s’est pas arrêté aux danses. Il y a d’autres gestes à connaître. Les ondulations violentes des corps. Celle qui propulse l’hémoglobine hors des chairs, celle qui marque la peau de bleu. Hématome sur la gueule, cicatrices sur l’épiderme. ça pique encore quand il y pense, quand il rêve de leurs apparitions, quand les doigts d’une femme les parcourent.

5 Son sac à dos, il le doit à une des déesses qu'il a certainement chérie le plus. Il tait son prénom pour ne pas en entendre le coeur se fendre. Le palpitant dérater. Car il l'appréciait énormément mais elle est partie. Les traits s'effacent, reviennent, entre deux défonces, trois cuites. Les vertiges des perditions le ramènent parfois là bas. Il y range ses flingues, ses munitions et quelques vivres plus ou moins légales.

6 Les souvenirs d’une mère qui s’efface. Une dame de poigne, un peu de douceur aussi. Balance, équilibre dans l’enseignement, il se souvient. Il se souvient de cette déesse destructrice. La Déesse de son père. Elle s’est éteinte dans une discrétion tonitruante. Elle avait été là, elle n’est plus. Brisure dans le cœur de l’homme. Fêlure dans les sentiments, lorsque le père suit sa Dame dans la demeure de la Faucheuse.

7 Un homme, un brin rentre dedans, il aguiche, il tente, il s’entoure pendant une nuit surtout. Il s’immisce chez les cibles aussi bien que sous les draps des Dames. Sa précision, sa minutie, sa stratégie marquent. Combat dans les arènes clandestines, banditisme. Dataries dans les poches, plaies sur la gueule. La vie est belle, la vie est simple.

8 Des vices. Il y a l'alcool qui coule dans les veines. ça se délecte des breuvages. L’homme est fumeur de clope. Mégots écrasés sous les godasses. Souvent trop. Souvent pas assez pour ses nerfs. Alors une fois par an, il s’accorde un moment de défonce. Toutes les femmes sont belles lorsque l’encéphale plane. Femme d’affaire ou catin.

9 Le Syndicat. A 22 ans, il répond à l'appel de Zarek. Il prend la place après avoir fait ses preuves, dans le cercle restreint. Il est peut être moins extrémiste mais il est présent, force tranquille, force sûre. Abel est celui qui exécute, qui remplie les contrats.

10 Deux facettes. 18 ans de métier dans le Syndicat. Il est assassin, mais l'électron est un peu trop libre, pas assez extrémiste, quelques choses qui ne plait pas forcément au dirigeant. Il a une approche avec les femmes qui diverge de la sienne. Il a un recul parfois dérangeant pour Zarek. Il lui relègue donc les merdeux, les contrebandiers. Chose qui ne lui déplaît guère, Abel. Puisqu'il s'entend plutôt bien avec la petite armada. S'il peut tenir tête à Zarek, vous défendre, si vous allez trop loin il ne pourra rien pour vous. A part vous conseiller fortement de prendre une nouvelle identité et de vous casser une fois sur Cantonica.

11 Cantonica. La maison. La planète annexée qui leur va bien. Celle où il y a son chez lui, où tout est minutieusement bien rangé, propre. Les clopes auraient même pu être alignées sur la table dans l'attente d'être cramées entre ses lèvres. Ses vestes, ses chemises, ses costumes trônent dans le placard. Simple, clair, précis. Organisés. L'environnement est limite clinquant. Mais cela ne le dérange pas, tant que l'ordre règne.